Liga : Bis repetita pour l’Atlético Madrid ?
Champion d’Espagne en titre, l’Atlético Madrid a impressionné la planète football lors de la saison 2013-2014, en terminant Champion de Liga et à deux doigts de décrocher le Graal européen face au rival du Real. Alors que le championnat et la Ligue des champions font leur retour sur les écrans, petit exercice de prospective pour une saison qui s’annonce riche en émotions et compliquée.
L’histoire entre les Colchoneros et la Casa Blanca n’est pas prête de s’achever. Après des confrontations qui ont décidé du titre en Espagne et en Ligue des champions, les meilleurs ennemis de la péninsule ibérique ont déjà croisé le fer à trois reprises avant même la mi-septembre. Deux fois en Coupe du roi, qui a vu la victoire finale de l’Atlético, et une fois en Liga pour une conclusion identique (défaite du Real Madrid). L’ascendant psychologique est donc du côté de l’Atlético, mais des questions demeurent quant à la possibilité pour le groupe de Diego Simeone de rééditer ses exploits et de faire même mieux.
La ligne offensive est-elle encore d’attaque ?
Le départ de Diego Costa est une grande perte pour le club. L’Espagnol avait enquillé les buts comme on enfile les perles (27 buts en championnat et 8 en Ligue des champions) et continue sur sa lancée avec son nouveau club de Chelsea (9 buts en 7 matchs de championnat). Il est toujours difficile pour un club de perdre son joueur vedette, mais l’Atlético est entré dans la cour des grands et possède désormais un pouvoir d’attraction indéniable sur des joueurs de qualité en quête de succès et de titres. Sur le front de l’attaque, les Colchoneros ont fait le pari d’Antoine Griezmann pour faire oublier Diego Costa. Le jeune attaquant de l’équipe de France, acheté 30 millions d’euros, s’est attiré les bonnes grâces de son entraîneur et des socios de Vincente Calderón. Mais la pression est grande et constante pour un Griezmann impressionné par l’implication mentale et physique demandées par le coach de l’Atlético.
Si Diego Costa, Filipe Luis et la révélation Thibaut Courtois ont tous rejoint les rangs de Chelsea cette saison, l’essentiel demeure au sein du club : l’esprit d’équipe et de combat qui a fait tant de fois la différence la saison dernière. La grinta est toujours la même et les nouvelles recrues (neuf en tout dont le très courtisé Mario Mandzukic, chipé au Bayern de Munich) vont rapidement prendre le pli d’une philosophie de jeu qui a fait tant de merveilles.
La Liga toujours plus forte, l’Atlético boosté par l’Azerbaïdjan
Si la Premier League caracole toujours en tête en termes d’attractivité et donc de droits télé (1,8 milliard d’euros), la Liga compte sur un nouvel atout de choix avec l’Atlético. Les spectaculaires Real de Madrid de Ronaldo et FC Barcelone de Messi doivent compter sur un nouvel épouvantail et les droits télé (actuellement 750 millions d’euros) pourraient se rapprocher un peu de ceux du championnat anglais. Les sponsors ont initié le pas avec l’Azerbaïdjan qui a misé sur l’Atlético pour s’afficher sur tous les écrans du monde chaque semaine. Depuis 2012, Azerbaïdjan, Land of fire floque les maillots du club pour un contrat annuel de 12 millions d’euros. Ce dernier aurait été renégocié à hauteur de 30 millions d’euros afin que l’Azerbaïdjan puisse hisser ses couleurs dans le monde entier. Un sponsoring prometteur pour ce petit État du Caucase encore peu connu du grand public, mais qui s’inscrit dans la lignée du Qatar dans le domaine sportif. Un partenaire bienvenu pour l’Atlético qui compte tout de même 500 millions d’euros de dette. Le fairplay financier est entré dans les esprits et le besoin de rationalisation financière se fait déjà sentir en Liga.
L’Atlético Madrid surfe sur une vague positive, mais l’état d’esprit devra rester le même afin de ne pas connaître une saison blanche. L’entame de championnat est bonne sans être excellente (5e à déjà cinq points du leader barcelonais) et le premier match de pool de Ligue des champions s’est soldé sur une défaite contre l’Olympiakos. La Ligue des champions est un objectif légitime, mais le très haut niveau européen exige un apprentissage souvent difficile et amer. La Liga, elle, reste peut-être plus accessible malgré les propos de Diego Simeone qui voit son équipe plus en outsider qu’en favori en dépit d’être les tenants du titre. L’effet de surprise relatif qui a pu jouer l’année dernière n’aura plus prise et cette saison montrera si l’Atlético s’installe bel et bien comme une référence du football espagnol et européen.